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Photo du rédacteurLucie Eleme

Voyage d’une Céramiste en Devenir : Comment J'ai Trouvé Mon Équilibre Entre Céramique, Théâtre et Design. Mon Parcours.

À 24 ans, mon parcours de vie est celui d'une jeune femme cherchant à s’épanouir dans ses passions, à naviguer dans la complexité d’une carrière créative, et à se réinventer sans cesse. De la Normandie où j’ai grandi, à Paris où je vis désormais, ce chemin a été parsemé de découvertes, de moments de doute, mais aussi de rencontres enrichissantes et de véritables tournants, notamment un voyage en Sibérie qui a marqué un avant et un après dans ma vie.




À travers la céramique, le théâtre, et le design, je cherche encore à me définir, à trouver cet équilibre entre mes différentes passions et la vie parisienne.



1. Normandie, Beaux-Arts et Premières Expériences

Tout a commencé dans ma Normandie natale, après l’obtention de mon baccalauréat, lorsque j’ai intégré les Beaux-Arts pour étudier le design, avec une spécialisation en design graphique. Dès le début de mes études, j’ai été fascinée par les multiples facettes de la création visuelle. J’ai appris à explorer les formes, les couleurs, et la manière de raconter des histoires à travers des concepts visuels. Mais ce que j’ai découvert au-delà des techniques artistiques, c’était moi-même. Ce fut une période de croissance, d’introspection, et de découvertes, tant sur le plan personnel que créatif.

Rapidement, je me suis intéressée à la médiation culturelle, une approche qui me permettait d’aller au-delà de l’œuvre d’art elle-même pour me concentrer sur l’expérience du spectateur. J’ai donc suivi en parallèle un cursus spécialisé en médiation culturelle, une discipline qui m’a passionnée. J’ai eu la chance de monter plusieurs expositions, de travailler aux côtés de commissaires d’exposition et de réfléchir à la manière dont une œuvre interagit avec son espace. Comment faire dialoguer les pièces entre elles ? Comment créer un parcours pour le spectateur qui raconte une histoire ? Ces questions m’ont passionnée.


Mais cette effervescence créative a aussi été éprouvante. À la fin de mes études, je ressentais une pression immense, un besoin de faire mes preuves, qui m'a poussée à remettre en question ce que je faisais. J’étais épuisée et en quête de sens.



2. Mon Voyage en Sibérie : Un Tournant dans ma Vie

À 19 ans, une opportunité incroyable s’est présentée à moi : un voyage en Sibérie avec l'un de mes professeurs, et d’autres artistes. Ce projet n’était pas seulement un voyage, mais une véritable aventure artistique. Nous avons traversé la Russie de Moscou à Vladivostok, et au fil du trajet, nous travaillions sur une exposition collective. Ce voyage nous l’avons fait à bord du transsibérien. Pendant 15 jours au total, ce train mythique est devenu notre atelier mobile.

Cette aventure a bouleversé ma vision du monde. J'ai vécu avec un sac à dos pendant des semaines, partagé des moments intenses avec des personnes dont la vie semblait si éloignée de la mienne. Je me suis confrontée à des réalités où les gens possédaient à peine ce que j'avais emporté avec moi pour ce voyage. Ce choc m’a profondément marquée. J’ai pris conscience de l’importance d’avoir un espace à soi, un chez-soi, ce privilège d’avoir un lieu où l’on peut se retrouver et se ressourcer. Cette prise de conscience est revenue en force pendant le confinement, à mon retour, où je me suis reconnectée à ce besoin fondamental de créer un cocon.



3. Burn-Out et Paris : Rebondir à Travers le Théâtre et la Céramique

Malgré l'intensité et la beauté de ces expériences, ma dernière année aux Beaux-Arts a été particulièrement difficile. Je me suis retrouvée à bout, épuisée par la pression et par cette nécessité de toujours produire, innover, créer. Je ressentais un vide, une déconnexion avec ce que je faisais. Le design graphique, qui avait été ma passion, était devenu une source d’angoisse. J'ai fini par faire un burn-out, complètement désillusionnée par le monde de l'art et du design.

Pour me ressourcer et retrouver une nouvelle énergie créative, j'ai décidé de quitter la Normandie pour Paris. J’ai fait un virage à 180 degrés et me suis plongée dans une autre passion de longue date : le théâtre. Pendant un an, j’ai exploré cet univers avec enthousiasme, mais très vite, je me suis rendu compte que quelque chose me manquait profondément : le travail manuel, la création tangible, le fait de voir un résultat concret à la fin de la journée.

C’est alors qu’un souvenir m’est revenu : deux cours de céramique que j’avais pris avec ma mère des années auparavant. Cette pratique avait éveillé quelque chose en moi à l’époque, une fascination pour le travail de la terre. Je me suis dit : « Pourquoi pas ? ». Deux mois plus tard, je rejoignais la première promotion des ateliers Clay, à Paris. Ce fut une période intense, d’apprentissage technique et d’adaptation. J’étais la plus jeune et je manquais cruellement d'expérience, mais j’ai su m’appuyer sur mes bases créatives pour avancer. Les moments de doute ont été nombreux, mais chaque petit succès m'a donné la motivation de continuer.



4. Les Papilles Rôties : De l’Artisanat Accessible à des Projets Plus Ambitieux

À la suite de cette formation, j’ai lancé Les Papilles Rôties, un projet de céramique visant à offrir de l’artisanat accessible à tous. Mon objectif était simple : créer des objets du quotidien, fonctionnels, abordables, mais empreints de personnalité et de beauté. À travers chaque tasse, chaque bol, je voulais transmettre une partie de moi et offrir à mes clients des pièces qui rendent leur quotidien plus doux et plus lumineux.

Cependant, avec le temps, j’ai ressenti le besoin de revenir à quelque chose de plus ambitieux, de plus complexe. Loin d’abandonner le design, cette pause m’a permis de retrouver une certaine fraîcheur, une nouvelle vision. Aujourd’hui, je cherche à mêler l’artisanat et le design, à repousser les limites de la céramique traditionnelle en y intégrant des concepts plus modernes. Je souhaite que mes créations deviennent plus qu’un simple objet fonctionnel, mais qu’elles incarnent une forme d’art à part entière, un dialogue entre savoir-faire manuel et réflexion esthétique.





5. Paris : Une Ville, un Défi, un Équilibre à Trouver

La vie à Paris n’a pas été de tout repos. Cette ville est exigeante, pleine de défis, surtout quand on essaie de se faire une place dans un milieu aussi compétitif que l’artisanat et le design. Trouver un atelier a été l'une des batailles les plus difficiles. Mais après beaucoup de recherches, j’ai finalement trouvé mon havre de paix à Ménilmontant, un lieu qui respire le calme et la créativité. Cet atelier, entouré du chant des oiseaux (oui oui !), est mon refuge, l’endroit où je peux véritablement m’exprimer.

Aujourd'hui, je continue à chercher mon équilibre. Je navigue entre la céramique, le théâtre, et le design, tout en essayant de comprendre qui je suis en tant qu’artiste et créatrice. J’apprends à m’écouter, à prendre le temps, et surtout à ne pas m’enfermer dans une seule case. La céramique fait désormais partie de moi, elle coexiste avec mes autres passions, créant un équilibre fragile mais excitant.


Mon parcours est loin d’être achevé, mais je suis heureuse de partager cette aventure avec vous. Je continuerai à vous tenir informés de mes avancées, de mes projets, et des défis que je rencontre. Que ce soit à travers la terre, le design ou le théâtre, ce voyage est en constante évolution, et je suis impatiente de voir où il me mènera.



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